101, voilà le nombre de femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint depuis le 1er janvier 2021. La cellule familiale n’est nullement épargnée par la montée des faits de violence qui gangrènent notre société. Face à ce constat des plus effarant, les violences faites aux femmes ne peuvent demeurer ensevelies plus longtemps sous l’indifférence collective. Rien ne justifie le recours à la violence, rien ne justifie de faire voler en éclats la vie de celles dont la parole se libère.
Si les violences existent et ont malheureusement toujours existé, je me désole de voir que le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. Loin de nous résigner, ce constat doit nous animer et continuer de nous insurger sans discontinuité. Toutes et tous, sans exception.
Alors que 87% des victimes de violences conjugales sont des femmes, il est scandaleux d’entendre le ministère de l’Intérieur nous annoncer une augmentation de 10% des violences conjugales. Faut-il rappeler qu’elles ont concerné 159.400 personnes tous sexes confondus en 2020 ?
Lever la main, rabaisser ou encore humilier continuellement celle qu’on prétend aimer, avec qui l’on partage – par choix - son quotidien, sont des actes qui ne doivent plus bénéficier d’aucune excuse. A notre époque en tout cas, cela ne devrait plus jamais être excusé, et encore moins banalisé.
En effet, si je félicite évidemment les avancées du Grenelle des violences conjugales, lancé le 3 septembre 2019, je sais que les budgets alloués sont bien en deçà des attentes et des besoins pratiques surtout.
Les peines prononcées sont souvent si insignifiantes qu’elles en deviennent parfois douloureuses pour les victimes. Comment arriver à convaincre que les choses avanceront plus vite, et mieux, lorsque les faits de violence contre les femmes mènent presque toujours à la récidive.
Qui peut oublier l'assassinat début mai de Chahinez Daoud, brulée vive par son mari, en pleine rue, alors que celui-ci avait déjà été condamné à de la prison pour des faits de violence ?
Plus que jamais, il est nécessaire de renforcer les moyens visant à lutter contre ces violences. Le Gouvernement a promis la mise à disposition des juridictions d’ici début 2022 de 3000 téléphones « grave danger ». Pourtant, seulement un peu plus de la moitié sont actifs.
Pire encore, si 1000 bracelets anti-rapprochements sont à disposition des magistrats, le 3 septembre dernier, la ministre Marlène Schiappa déclarait que seulement 245 étaient actifs.
Inutile d’être un fin mathématicien pour constater que le déploiement de ces deux outils n’est pas à la hauteur du travail de concertation avec les associations, les experts, les familles de victimes et les victimes elles-mêmes. Nous sommes donc bien loin de la Grande Cause du quinquennat proclamée par le Président Macron. Où est donc passé le volontarisme du Gouvernement ?
En outre, engagée sur ces questions comme sénatrice, je le suis également depuis longtemps dans mon département des Alpes-Maritimes. Que ce soit au plan local ou national, je continuerai de défendre les femmes courageuses. Pour que plus aucune femme ne connaisse de violences, faisons bloc pour tous ensemble mettre fin à l’impunité qui règne autour de ces comportements. Si la réponse pénale et la formation par exemple des policiers sont des pistes à prendre en compte pour améliorer la lutte contre les violences faites aux femmes, il ne faut pas perdre de vue la prévention. Prévenir, sans cesse et sans relâche pour que les comportements évoluent et que la peur change de camp.
Respecter autrui n’est pas un choix, c’est un devoir. Il faut donc prévenir en sensibilisant la jeunesse. Déconstruisons les stéréotypes imposés à nos jeunes filles depuis tant d’années. Voilà l’objet même de l’action « Touche pas à ma pote » que j’ai instauré sur mon territoire. Inédite en France, je souhaitais que chaque collégien et collégienne soit véritablement informé(e) et alerté(e) sur le sexisme et plus généralement sur les violences faites aux femmes.
Ainsi, sensibiliser la nouvelle génération, libérer la parole, recourir à de nouveaux dispositifs technologiques, donner davantage de moyens à la Justice et déconstruire les stéréotypes, sont autant d’outils dont nous devons user sans modération pour faire évoluer les mentalités.
ALEXANDRA BORCHIO FONTIMP
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