Discussion générale sur le Projet de loi de finances pour 2026 Mission Recherche et enseignement supérieur
- aborchio-fontimp
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Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,
En tant que rapporteur pour avis des crédits de la recherche, je souhaite rappeler une conviction largement partagée ici : la recherche publique française est un pilier fondamental de notre souveraineté, de notre compétitivité et de notre avenir.
Notre pays dispose d’un écosystème scientifique d’excellence, reconnu internationalement, porté par ses organismes, ses universités, ses grandes écoles, et surtout par ses chercheurs, ingénieurs et techniciens, dont l’engagement mérite d’être pleinement salué.
Le contexte budgétaire est contraint. Il impose des choix difficiles et une maîtrise nécessaire de la dépense publique. Mais ces contraintes ne doivent pas faire perdre de vue que la recherche est un investissement stratégique de long terme, déterminant pour l’innovation, la croissance et la cohésion de notre pays.
Lors de l’examen de la loi de programmation de la recherche en 2020, notre commission avait alerté sur la nécessité de concentrer l’effort dans les premières années de la trajectoire. Si elle avait obtenu gain de cause sur ce point, les faits lui donnent aujourd’hui raison quant aux risques d’essoufflement de la programmation. Pour la deuxième année consécutive, la trajectoire n’est pas respectée, et l’effort budgétaire prévu est très partiellement au rendez-vous, essentiellement concentré sur la poursuite de revalorisations salariales.
Ce coup de frein fait peser un risque réel sur la dynamique de réinvestissement engagée entre 2021 et 2024. Il entre par ailleurs en tension avec l’ambition affichée par la France de renforcer son attractivité scientifique, notamment à travers le lancement de l’initiative « Choose France for Science », qui vise à accueillir des chercheurs internationaux et à promouvoir la liberté académique. Cette ambition est légitime et nécessaire, mais elle doit impérativement s’appuyer sur des moyens lisibles, stables et prévisibles.
Utiliser la recherche comme variable d’ajustement budgétaire, à l’heure où la France et l’Europe veulent affirmer leur souveraineté scientifique, suscite des interrogations. Ce serait un signal peu encourageant pour les chercheurs, les entreprises innovantes et pour toute une génération de jeunes scientifiques.
Sans doute une revoyure en bonne et due forme de la LPR, associant le Parlement, aurait-elle permis de réfléchir collectivement aux moyens que l’État, est prêt à consacrer à un secteur crucial.
La commission est également très attentive à la situation financière de l’Agence nationale de la recherche. L’insuffisance des crédits de paiement et la baisse des autorisations d’engagement font peser un risque sérieux sur les futurs appels à projets. Un retour à des taux de succès inférieurs aux standards internationaux serait un échec collectif.
Nous alertons également sur la nouvelle mise à contribution des opérateurs de recherche pour le financement de mesures sociales, notamment le CAS Pensions. La répétition de ces transferts de charges, insuffisamment compensés, fragilise durablement leurs équilibres financiers et leur capacité d’action.
Malgré ces réserves importantes, et compte tenu de la légère augmentation des crédits, la commission a émis un avis favorable à leur adoption, tout en appelant à la plus grande vigilance.
Car au-delà des ajustements conjoncturels, c’est bien une trajectoire durable pour la recherche publique que nous devons préserver collectivement. Derrière ces lignes budgétaires, ce sont des découvertes, des emplois, des entreprises de demain, et, au fond, une certaine idée de l’avenir de notre pays qui se joue.
Je vous remercie.
Alexandra Borchio Fontimp, le 9 décembre 2025










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