Monsieur le Ministre,
Combien de temps va encore durer cette situation anxiogène pour nos soignants, mortifère pour nos hôpitaux ?
Vice-Présidente de la Fédération hospitalière de France PACA et Sénatrice des Alpes-Maritimes, la tension imposée à nos services d’urgences dans mon département - et partout ailleurs - ne peut me laisser sans réaction, encore moins en inaction.
Ni admissible, encore moins acceptable. Dernier cas en liste à attirer l’attention des médias, et j’espère de ce nouveau Gouvernement, le Centre Hospitalier Universitaire de Nice avec la presque implosion de son service d’urgences. Impossibilité d’accueillir les patients obligeant le personnel à les réorienter et manque criant mais constant de lits sont les symptômes d’un système de santé malade de l’abandon de ses gouvernants.
Depuis le début de la crise sanitaire, le groupe Les Républicains est intervenu à de multiples reprises auprès du Gouvernement pour alerter et dénoncer l’absence de mesures structurelles fortes à destination de nos hôpitaux mais s’est aussi imposé comme source de propositions, de solutions pérennes. En ce sens, notre groupe est à l’origine de la commission d’enquête portant sur la situation de l’hôpital et le système de santé en France et a fortement participé à la rédaction de son rapport publié le 29 mars 2022. Les conclusions sont sans appel et confirment ce que nous savions tous d’ores et déjà ; fermetures de lits et de services en raison de postes vacants, difficultés dans le recrutement et accroissements des départs anticipés en milieu de carrière sont autant d’illustrations de la dégradation de nos hôpitaux.
Ainsi, j’avais déjà personnellement saisi vos services au mois de mai sur les difficultés que rencontrent nos services d’urgences, portant à votre connaissance la proposition de rétablir « une obligation de garde pour tous les acteurs de soins » afin de marquer « un premier pas vers l’apaisement des tensions ». À ce jour, je n’ai toujours pas reçu de réponse.
Le 2 juillet dernier, les Docteurs Jérôme Barrière et Pierre-Marie Tardieux, le Professeur Jacques Levraut ainsi que 22 autres soignants publiaient dans le Journal du Dimanche une tribune intitulée « Nous devons trouver collectivement des solutions avant que les urgences n’atteignent la rupture ». Ils soulignaient avec justesse que « les causes sont bien multifactorielles », ne pouvant mener qu’à des réponses plurielles et coordonnées.
Pourtant, et depuis lors, votre ministère ne semble toujours pas avoir écouté la totalité de cet appel à l’aide. Peut-être l’un des derniers, avant qu’il ne soit vraiment trop tard cette fois. Toutefois, par une instruction en date du 10 juillet, vous avez tenu à détailler auprès des directeurs généraux d’ARS les 41 mesures retenues par Madame la Première Ministre suite à la mission flash que vous pilotiez. Et là encore, le bas-blesse. Passant sous silence la question du recours aux médecins traitants, vous passez à côté d’un problème qui concerne pourtant plus de 5 millions de Français qui, par voie de conséquence, se tournent de façon quasi-automatique vers nos services d’urgence, même lorsque cela ne le nécessite pas.
Présentée comme un « plan été », cette boîte à outils qui se veut - selon vos propres termes - « temporaire » démontre ainsi une incapacité à prendre la juste mesure des difficultés qui abîment l’Hôpital depuis de trop nombreuses années.
Monsieur le Ministre, je vous demande, à quand des actions différentes et efficientes cette fois ?
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de ma haute considération.
ALEXANDRA BORCHIO FONTIMP
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