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[TRIBUNE] Osons mettre des mots sur les maux des femmes !



De la nudité d’Ève à aujourd’hui, le corps de la femme demeure entouré de tabous. Bien que les hommes en aient un temps revendiqué la possession, ils se sont refusés jusqu’à ces dernières années d’en comprendre le fonctionnement et toutes les subtilités. La pression sociale et les règles morales qui pèsent inégalement sur les femmes ont longtemps étouffé l’existence des problèmes gynécologiques qu’elles pouvaient rencontrer au cours de leur vie. L’anatomie féminine, les menstruations, la contraception, la grossesse, les infections et les maladies ont peiné à se faire une place tant dans la sphère privée que publique.


Tel est le cas de l’endométriose. N’oublions pas que les femmes atteintes par cette maladie étaient d’abord considérées comme des sorcières possédées puis comme des nymphomanes voire des hystériques, notamment par le psychanalyste Sigmund Freud. Ce sont ces mots et la peur du jugement qui ont contraint pendant longtemps les femmes au silence. Ce mutisme, j'ai souhaité y mettre fin au sein de mon département des Alpes-Maritimes. Puisque l'endométriose va de pair avec les menstruations, je me suis battue pour que des protections hygiéniques gratuites soient mises à disposition des jeunes filles au sein des collèges. Alors que leur avenir est en pleine construction, il m'est apparue impensable qu'elles aient à subir leur condition biologique.


En France, plus d’une femme sur dix est touchée par l’endométriose. Ce chiffre glaçant ne peut demeurer en l’état sans que le législateur ne s’en saisisse véritablement. En effet, à la douleur physique de ces femmes se rajoute la souffrance psychique lorsque rien n’est fait ou avec bien trop d’années de retard. Loin de dénoncer l’inaction des médecins et personnels hospitaliers, il s’agit d’alerter et de sensibiliser tous les citoyens sur l’existence et les conséquences, trop souvent handicapantes, de cette maladie gynécologique chronique.


Découverte en 1860, des progrès scientifiques ont été faits depuis lors. Pourtant, aujourd’hui encore, le nombre de témoignages de femmes ne cessent d’augmenter. Énigmatique pour beaucoup, les mystères scientifiques qui entourent l’endométriose ne doivent pas se mouvoir en immobilisme juridique. Par conséquent, il devient urgent de dresser un cadre juridique concret et protecteur à leur égard.


Il est impossible d’accepter que ces femmes ne soient détectées en moyenne que sept années après la première apparition des symptômes, encore moins de s’en satisfaire. Diverses raisons expliquent que le dépistage soit aussi tardif et quand bien même des avancées sont constatées, elles ne contentent pas les attentes exprimées par les associations qui accompagnent ces femmes.


Toutes ces raisons ont mené la sénatrice que je suis à déposer une proposition de loi au Sénat pour répondre à cet enjeu médico-social. Je veux qu’un diagnostic préventif soit obligatoirement et gratuitement prescrit aux jeunes femmes âgées de 15 à 21 ans. Il faut certes les sensibiliser mais aussi les accompagner, notamment financièrement, dans leur parcours de soins et ce afin d’endiguer véritablement les effets désastreux de cette maladie.

Pour reprendre les mots de Victoria, jeune femme âgée de 20 ans interrogée sur son combat personnel contre l’endométriose : « Il n’est plus tolérable en 2021 de laisser des professionnels de santé ou de l’éducation nationale dire que souffrir durant ses règles est normal » !


ALEXANDRA BORCHIO FONTIMP

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