Violences conjugales, deux termes qui ne devraient jamais être accolés. Lever la main, rabaisser ou encore humilier continuellement celle qu’on dit aimer, avec qui l’on partage – par choix - son quotidien, sont des actes qui ne doivent plus bénéficier d’aucune excuse. En tout cas, à notre époque, cela ne devrait plus jamais être excusé, et encore moins banalisé.
Si je me réjouis de devenir la marraine de cette belle association, je me désole de voir que le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. Les violences existent et ont malheureusement toujours existé. Loin de nous résigner, ce constat doit nous animer, nous insurger. Toutes et tous, sans exception.
Les choses bougent, elles évoluent, une prise de conscience a éclos ces dernières années, particulièrement ces derniers mois. Qu’elles résultent de l’amour ou de la haine, ces violences ne sont le fruit que d’actes intolérables, déplorables et surtout répréhensibles. Mais comment trouver les bons mots face aux récits intenables des victimes ? Comment arriver à convaincre que les choses avanceront plus vite, et mieux, lorsque les médias relatent les peines prononcées, souvent si insignifiantes qu’elles en deviennent parfois plus douloureuses pour les victimes. Pire encore, l’acquittement – puis presque toujours la récidive.
L’injustice, c’est peut-être le premier point de mon intervention. L’injustice due à une justice trop lente c’est sûr, mais surtout trop faible avec les forts et distante – malgré elle – avec les vulnérables. Victimes, mais femmes avant tout, la réponse politique doit être digne de leur courage. Nos institutions doivent évoluer et reprendre le contrôle des peurs. Nous sommes en 2021 et nous devons encore rappeler que ce sont bel et bien les personnes qui ne respectent pas les lois qui doivent avoir peur, et non l’inverse. Cela me fait penser que le mouvement n’est décidément pas le progrès.
Le Parlement a adopté l’année dernière une loi visant à mieux protéger les victimes de violences conjugales. Si je félicite évidemment les avancées permises par ce texte, je sais que les budgets alloués sont bien en deçà des attentes et des besoins pratiques surtout. Mon rôle de marraine me permettra d’avoir un échange privilégié avec les membres de l’association et je veux que ce lien soit vecteur de remontées de terrain. Pour continuer d’agir, j’ai besoin d’écouter leur récit, leur expérience et ce afin de combattre ces violences sur le terrain du droit.
Engagée en tant que sénatrice, je le suis également depuis longtemps dans mon département des Alpes-maritimes. Le combat que je mène, à côté d’autres collègues, pour l’égalité entre les femmes et les hommes nous interroge inévitablement et perpétuellement sur le harcèlement sexuel des femmes dans la rue, au travail, ou comme dans les cas présents sous leur propre toit. C’est comme si avant de demander l’égalité, les femmes devaient encore et toujours justifier qu’elles méritent un respect similaire à celui accordé à la gente masculine. Se battre pour ne pas être insultées de tous les noms d’oiseaux, se battre pour ne pas être touchées sans leur consentement, c’est le quotidien de beaucoup, disons-le, d’une grande majorité des femmes.
J’espère sincèrement que cet enjeu de société mais aussi tout simplement d’humanité sera traité avec la rigueur et l’autorité qu’il requiert. Que ce soit sur mon territoire ou au national, je continuerai de défendre les femmes courageuses que vous représentez chaque jour. Pour que plus aucune femme ne connaisse de violences, serrons-nous les coudes pour tous ensemble mettre fin à l’impunité qui règne autour de ces comportements. Si la réponse pénale et la formation par exemple des policiers sont des pistes à prendre en compte pour améliorer la lutte contre les violences faites aux femmes, il ne faut pas perdre de vue la prévention. Prévenir, sans cesse et sans relâche que des comportements jusqu’ici trop souvent acceptés ne le sont plus.
Expliquer la signification des gestes, des mots et faire comprendre que respecter autrui n’est pas un choix, c’est un devoir. Respecter une femme n’est ainsi plus une option mais une obligation et ce peu importe son statut, qu’elle soit mariée avec l’auteur des violences ou en relation de courte durée. Prévenir en sensibilisant la jeunesse, guérir en déconstruisant les stéréotypes imposés à nos jeunes filles depuis tant d’années. Voilà l’objet même de l’action « Touche pas à ma pote » que j’ai instauré sur mon territoire. Inédite en France, je souhaitais que chaque collégien et collégienne soit véritablement informé(e) et alerté(e) sur le sexisme, plus généralement sur les violences faites aux femmes.
Les femmes sont libres, n’en déplaise à certains. Loin de remettre en question cette vérité, la libération de la parole des femmes démontre que la lâcheté de quelques hommes n’a fait que renforcer l’indépendance de toutes, unies autour d’une même cause.
Sensibiliser la nouvelle génération, libérer la parole, déconstruire les stéréotypes sont autant d’outils dont nous devons user sans modération pour faire évoluer les mentalités. Alexandra BORCHIO-FONTIMP - Sénatrice des Alpes-Maritimes
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