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12# Courrier - Remise en liberté de trois détenus faute d’escorte policière

Monsieur le Garde des Sceaux,

Monsieur le Ministre de l’Intérieur,


Les faits sont dignes du scénario d’un film de Michel Audiard. Le problème est qu’ils se sont bien déroulés dans la réalité, sur notre territoire. Lundi 26 avril, le département de la Drôme a été le théâtre d’une scène classée par les médias dans la rubrique des « faits divers ». D’une gravité certaine, elle doit aujourd’hui attirer toute votre attention et celle du Gouvernement. Trois détenus, sous le coup d’une audience de comparution immédiate devaient être présentés devant le tribunal judiciaire de Valence pour des faits allant du trafic de stupéfiant aux violences conjugales, ont été remis en liberté. La cause ? L’absence d’escorte policière pourtant nécessaire à leur présentation devant le juge. Leur absence – rendue possible par l’Etat – a engendré leur libération sur le champ. Bien que convoqués pour une nouvelle audience le 31 mai prochain, nous ne pouvons pas être certains qu’ils se présenteront.


L’explication de ce dysfonctionnement majeur pourrait prêter à rire si elle n’était pas aussi tragique. En effet, parce que chamboulées par la crise sanitaire, les dates de formations des agents en charge des escortes n’ont pas pu être étalées dans le temps. En conséquence, à la date des faits les agents nécessaires au transfert de ces détenus étaient mobilisés sur d’autres missions. Précisons que le Commissariat de Valence est fortement touché par la Covid depuis la mi-avril et que l’administration pénitentiaire, malgré des efforts considérables de ses agents, est placée dans l’incapacité d’assurer certaines de ses missions. Toutefois, il serait malhonnête de faire peser l’intégralité de la responsabilité de cette affaire sur les effets de la Covid ou pire sur les agents du service public.


Alors que le Gouvernement a érigé comme priorité nationale la lutte contre les violences conjugales et, plus récemment contre le trafic de stupéfiants, combien de temps va-t-il tolérer ces manquements mortifères ? Parce que plus grave encore, ces remises en liberté font désormais peser un risque avéré sur la sécurité des victimes présumées. A ce titre, il ne faut pas être un spécialiste de la protection rapprochée pour comprendre assez aisément que la remise de « téléphones grave danger » est insuffisante face au traumatisme que représentent ces hommes pour les victimes. Réussiriez-vous à trouver le sommeil alors que votre bourreau vague en toute liberté ? Jusqu’au 31 mai, ce ne sont pas quelques semaines pour ces femmes. Ce sont des jours gagnés contre la souffrance des coups ou la mort.


Messieurs les ministres, cessons d’être fort avec les faibles et faible avec les forts. Le Cardinal Jonas disait « Gouverner c’est rendre la Justice ». Femmes, hommes et enfants, lorsqu’ils sont victimes de violences, méritent la protection des services de l’État. Dans le cas d’espèce, ces femmes n’ont pour seule protection la République. La seule qui puisse rendre justice.


Le peuple français et ses représentants ne peuvent tolérer que de telles décisions soient prises par défaut. Pour toutes ces raisons, je souhaite connaître les actions prévues par votre ministère. La lutte contre la délinquance et le rétablissement de la crédibilité de l’autorité de l’Etat passent inévitablement par la main forte et sûre de la Justice.


Sincèrement convaincue de l’intérêt que vous porterez à cette requête, je vous prie de bien vouloir agréer, Messieurs les Ministres, l’expression de ma haute considération.


ALEXANDRA BORCHIO FONTIMP

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