Madame Alexandra Borchio Fontimp interpelle Monsieur le Ministre de la Santé et de la Prévention sur les défaillances des politiques de prévention et de dépistage des cancers.
Alertée par de nombreux professionnels de santé sur cet enjeu de santé publique, il apparait désormais impérieux que des actions soient menées afin de freiner ce fléau. En effet, l’augmentation des cancers - notamment du pancréas - est le résultat de plusieurs causes, toutes identifiées par les scientifiques, qui n’ont de cesse d’alerter sur leur caractère préoccupant.
En plus du tabagisme, de l’obésité, de la pollution ou encore du diabète, le vieillissement de la population ainsi que les conséquences liées à la gestion de la crise sanitaire, via l’arrêt des dépistages pendant une période donnée, ont contribué à la recrudescence du nombre de cancers. À titre illustratif, le cancer du pancréas sera la deuxième cause de mortalité par cancer d’ici 2030 en Europe et aux États-Unis. Augmentant de 3% chaque année, ce cancer a ainsi causé le décès de 5790 hommes et 5666 femmes en 2018 selon l’Institut national du cancer.
Le constat est accablant, des réponses politiques doivent être apportées en urgence. Les politiques de dépistage ou de diagnostic précoce des cancers doivent être renforcées pour être plus efficaces. Ainsi, alors qu’elles sont le premier poste de dépense de l’Assurance Maladie, elles n’obtiennent pourtant que des résultats médiocres. Les acteurs du monde médical ayant d’ailleurs mis en exergue à plusieurs reprises les réalités de cet échec : manque d’adhésion et déploiement insuffisant des programmes de prévention visant au dépistage ou encore à la vaccination. Cet état des lieux se trouve en outre aggravé par de fortes disparités territoriales et sociales puisque les résultats obtenus sont souvent inférieurs aux cibles et performances constatées dans d’autres pays européens.
Plusieurs pistes sont avancées par le milieu hospitalier comme l’amélioration du contenu des plans de prévention ou encore l’ouverture d’une réflexion visant à améliorer la répartition des rôles ainsi que la cohérence des actions menées. Enfin, Madame la Sénatrice souhaite attirer l’attention du Ministre sur la nécessité de mieux cibler la population à risque de développer un cancer et propose par exemple d’inciter financièrement les établissements de santé à promouvoir des actions de prévention et de dépistage.
Elle souhaite connaitre la position de gouvernement sur les propositions formulées ainsi que les mesures prévues pour accroitre l’efficacité des politiques de prévention et de dépistages des cancers.
ALEXANDRA BORCHIO FONTIMP
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Réponse de M. le ministre de la santé et de la prévention Le nombre de nouveaux cas de cancers a augmenté de 65 % chez l'homme entre 1990 et 2018 et de 93 % chez la femme. L'augmentation du nombre de cas incidents chez l'homme est liée essentiellement à l'augmentation de la population (20 %) et à son vieillissement (39 %), tandis que la part attribuable à l'accroissement du risque de cancer lui-même est de 6 % sur la même période. Le constat est différent chez la femme pour laquelle l'augmentation de 93 % du nombre de cas se décompose en 45 % liés à l'accroissement du risque de cancer et 25 % et 23 % respectivement pour l'augmentation et le vieillissement de la population. L'augmentation de l'incidence du cancer du pancréas a été régulière entre 1990 et 2018. Le risque d'être atteint de ce cancer entre 0 et 74 ans est passé respectivement de 0,7 % pour la cohorte née en 1920 à 1,3 % pour la cohorte née en 1950 chez l'homme et de 0,3 % à 0,8 % chez la femme. Afin d'augmenter la participation aux dépistages organisés des cancers et d'améliorer le diagnostic des cancers de mauvais pronostics, le Président de la République a annoncé en février 2021 une stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030. Cette stratégie fixe notamment un objectif d'un million de dépistages supplémentaires d'ici 2025 sur le périmètre des dépistages organisés existant (sein, colorectal, col de l'utérus) A la suite des recommandations de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur les dépistages organisés des cancers de janvier 2022, le ministère chargé de la santé a annoncé une nouvelle feuille de route des dépistages organisés des cancers « Priorité dépistages » d'ici 2024 afin d'atteindre, voire dépasser, l'objectif initial d'un million de dépistages supplémentaires. La mesure phare de cette feuille de route vise une organisation rénovée des dépistages organisés des cancers avec une évolution des missions des centres régionaux de coordination des dépistages des cancers pour répondre aux enjeux de qualité et de participation. L'ensemble de ces mesures vise à gagner en participation, en performance et en qualité dans les dépistages organisés des cancers. La lutte contre les cancers de mauvais pronostic, tels que le cancer du pancréas, fait partie des priorités de la stratégie décennale. Des mesures sont envisagées dans les domaines de la recherche, de la prévention et des soins, depuis le diagnostic jusqu'au suivi et à l'après cancer. Une action pour détecter les cancers de mauvais pronostic le plus précocement possible afin de maximiser les chances de traitement et de guérison de la maladie est également prévue. Cette action comprend la mise en place de dispositifs de diagnostic rapide et de filières d'entrée accélérée dans le parcours, ainsi qu'une amélioration de l'accès à l'offre d'imagerie médicale, notamment IRM corps entier, et de médecine nucléaire.
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